Défaite judiciaire pour Anne Hidalgo : la maire de Paris refuse de divulguer la carte des salles de shoot

Défaite judiciaire pour Anne Hidalgo : la maire de Paris refuse de divulguer la carte des salles de shoot

Le bras de fer judiciaire entre la mairie de Paris et des habitants du 10e arrondissement vient de connaître son épilogue. Le Conseil d’État a tranché en faveur des copropriétaires qui réclamaient l’accès à la cartographie des salles de shoot prévues dans la capitale. Cette décision représente un revers significatif pour Anne Hidalgo qui tentait de maintenir confidentiels ces documents.

La bataille juridique autour des salles de shoot parisiennes

L’affaire débute à l’été 2021, lorsque les services municipaux identifient 35 sites potentiels pour implanter des espaces intégrés de prise en charge des usagers de crack. Parmi ces emplacements figure le site des anciennes latrines situé devant l’immeuble du 28 boulevard de Bonne-Nouvelle, dans le 10e arrondissement.

Face à cette perspective, le syndicat des copropriétaires concernés engage une procédure devant le tribunal administratif. Leur requête vise deux objectifs distincts :

  • Faire annuler la décision d’implantation
  • Obtenir la communication de la cartographie complète des 35 sites envisagés
  • Accéder aux expertises réalisées par les agents municipaux

Si leur première demande est rejetée, la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) émet un avis favorable concernant la divulgation des documents. Le 15 juin 2023, le tribunal administratif de Paris accorde aux copropriétaires un délai d’un mois pour que la Ville communique ces informations.

La mairie, refusant de se plier à cette décision, porte l’affaire devant la plus haute juridiction administrative française. Cette démarche témoigne de la sensibilité politique de ce dossier dans un contexte parisien marqué par les tensions autour de la gestion du crack.

Le refus persistant de la mairie contesté par le Conseil d’État

Pour justifier son refus de communiquer la cartographie, l’équipe d’Anne Hidalgo s’appuie sur un argument juridique précis. Selon la municipalité, cette carte ne constituerait qu’un simple document préparatoire et non une décision administrative formelle.

La législation prévoit effectivement que « le droit à communication ne s’applique qu’à des documents achevés » et exclut « les documents préparatoires à une décision administrative en cours d’élaboration ». Toutefois, le Conseil d’État a réfuté cette interprétation dans son arrêt récemment rendu public.

La haute juridiction rappelle que « le processus de localisation de ces sites et l’expertise de chacun d’eux étaient achevés » au moment de la demande des copropriétaires. Elle s’appuie notamment sur un courrier daté du 20 août 2021, dans lequel la maire de Paris informait le Premier ministre de l’identification de quatre sites adaptés après expertise de près de 35 lieux.

Chronologie de l’affaire Décisions
Été 2021 Identification des 35 sites potentiels par la mairie
20 août 2021 Courrier d’Anne Hidalgo au Premier ministre
15 juin 2023 Jugement du tribunal administratif de Paris
Juin 2025 Décision finale du Conseil d’État

Défaite judiciaire pour Anne Hidalgo : la maire de Paris refuse de divulguer la carte des salles de shoot

Les implications financières et politiques de cette défaite

Au-delà de l’obligation de divulguer les documents demandés, cette décision entraîne des conséquences pécuniaires pour la municipalité parisienne. La Ville devra verser 3 000 euros aux copropriétaires pour leurs frais de justice, montant qui s’ajoute aux 1 500 euros déjà octroyés par le tribunal administratif en juin 2023.

Cette affaire révèle les tensions persistantes autour de la politique municipale concernant les usagers de drogues. La question des salles de consommation à moindre risque, communément appelées « salles de shoot », cristallise les oppositions entre différentes visions de la gestion urbaine et sanitaire.

Pour les riverains du quartier des Grands Boulevards et du 10e arrondissement, l’accès à cette cartographie représente une victoire symbolique dans leur quête de transparence. La décision du Conseil d’État confirme le droit des citoyens à être informés des projets susceptibles d’impacter directement leur environnement quotidien.

Les Parisiens restent particulièrement attentifs à ce dossier qui touche à des questions fondamentales d’aménagement urbain, de santé publique et de qualité de vie dans la capitale. Le dernier épisode de ce feuilleton juridico-administratif rappelle l’importance de la transparence dans la gestion des politiques publiques locales.

Romain